L’intégration de la nature riche en biodiversité dans les zones urbaines

Conference FOR URBAN PASSION 12/10/2023 à Liège

Nous vivons dans un temps de grand changements. Je ne dois expliquer ça plus profonde – les mot-clé suffisent.

  • –  le Changement climatique
  • –  la Perte de biodiversité
  • –  la Rareté des ressources
  • –  l’Explosion démographique mondiale

Cela devrait avoir des conséquences sur tout ce que nous faisons quotidiennement dans notre activité professionnelle.  

La conception de projets, les plans, l’entretien de la ville, de ses infrastructures et de ses bâtiments: Ils ne se font pas uniquement dans une optique d’aujourd’hui, mais aussi dans une optique de 100 ans au moins!

Mais la force de l’existant et la force de l’habitude, du courant sont énorme. Il est constituée d’un énorme réseau de choses existantes, de règlements, d’habitudes et de points de vue, de pensées sur ce qui est et sur ce qui devrait être. Tout cela a son origine dans le passé – pour les situations des époques-là.

Cependant, nous ne pouvons pas continuer comme avant !

Aussi difficile que cela puisse être, nous devons réfléchir à nouveau à ce, qui est utile et peut être porteur d’avenir dans les circonstances changeantes, et à ce qui doit être fait différemment.

Pour moi, une condition est claire :

Dans notre domaine, nous devons contribuer 

  • à freiner le changement climatique, 
  • à stopper la disparition des espèces et, si possible, à inverser la tendance.

En d’autres termes, nous devons mettre terme à la destruction de la nature qui va de pair avec l’extension constante de nos villes. 

Une chose est claire à mon avis : même avec une stratégie de densification intensive du parc immobilier des villes, nous ne pourrons pas éviter de continuer à étendre les zones construites. Nous ne pourrons pas arrêter l’expansion des villes. 

En d’autres termes, l’expansion de la ville dans la nature se poursuivra. Malgré nos stratégies opposantes.

Mais en fait cela ne devrait en aucun cas se produire. Un Impasse.

Y-a -t-il une solution? 

Nous devrions nous confronter à l’inverse : L’expansion de la nature vers la ville.

Accepter les deux expansions dans l’autre sens – en acceptant les exigences de l’autre partie. 

Conclure une sorte de contrat social avec la nature !

Considérer la ville elle-même comme une forme de nature et donner de l’espace à la nature sous ses diverses formes dans l’environnement construit. C’est ce que j’appelle en une formule ‘voir la ville comme un biotope’, Biotop City, Biotope City. Conclure un contrat social avec la nature !

Voici brièvement quelques points essentiels :

Nous devrions voir la ville intégrée dans les interrelations complexes de la nature. Ce signifie:

Nous ne devrions plus voir la ville comme une antithèse de la nature, mais comme l’une de leurs manifestation. 

Cette vision n’est pas du tout irréaliste ou romantique. Non, elle nous apporte même des bénéfices à long terme ! Dans nos stratégies, nous allons nous servir des forces régénératrices de la nature. 

  • Les feuilles vertes font baisser la température, fixent les particules fines et purifient ainsi l’air. 
  • Les feuilles vertes offrent de la nourriture aux insectes et contribuent donc à l’amélioration de la biodiversité. 
  • La matière renouvelable qu’est le bois pourrait à long terme remplacer une partie de notre consommation de matières premières et éviter ainsi leur dégradation.

Il s’agit donc d’une situation gagnant-gagnant.

En outre, il s’est avéré que l’expérience de la nature, même en ville, contribue à notre propre détente et que le contact avec la nature a un effet stabilisateur sur le plan social : 

des communautés se forment autour du jardinage urbain, du végétalisation des pieds d’arbres, voire de l’entretien des espaces verts publics.

Je propose la RÉNATURATION des VILLES – non pas sous la forme d’une faible densité, selon le concept de la cité-jardin d’Ebenzer Howard à la fin du XIXe siècle, mais sous la forme d’une cité-jardin contemporaine : une ville très dense qui offre en même temps un espace pour la nature.

Mais cela implique une cohabitation.

Cohabitation de l’homo sapiens, de la flore et de la faune ( j’ajoute: n’oublions pas que nous appartenons en fait à la catégorie de la faune, nous sommes nous-mêmes une espèce particulière de vertébrés ).

Il n’y a que trois principes de base à cette cohabitation :

  • Construire le plus dense possible et, 
  • malgré la densité, imperméabiliser le moins possible, 
  • tout en redant la surface exterieure aussi utile que possible pour la flore et faune.

Mais cela ne signifie pas simplement avoir le plus de végétation possible. 

Depuis que les architectes et les urbanistes savent que les feuilles vertes permettent de réduire la température et d’améliorer l’air, une relation quasi mécanique s’est développée avec la verdure : Le vert comme machine à faire baisser la température. 

C’est une vision trop étroite ! Pas de la flore sans de la faune !

Nous devons considérer la verdure comme la base pour des autres formes de vie – en premier lieu comme la base de la vie des insectes. Nous avons un besoin urgent des insectes pour la pollinisation. Et en même temps, ils sont la base de l’alimentation des oiseaux et des petits animaux. La végétation urbain: ne pas la considérer comme une machine à faire baisser la température – c’est aussi et surtout la nourriture pour les insectes!

Ces réflexions mènent à une longue liste d’exigences envers l’environnement construit, et aussi à des solutions praticables. J’ai noté ici les plus importantes. 

Elles concernent le plan urbaine elle-même, puis la conception, le dessin et la construction des bâtiments et enfin l’aménagement des espaces extérieurs.Il y a aussi la question des habitats des insectes et des animaux dans les espaces extérieurs.

Vous poserons légitimement la question à partir de leur propre pratique :

  • Est-ce faisable et 
  • si oui, comment le faire ? 
  • Et est-ce que cela fonctionne ? 
  • Quels sont les résultats ?

Je vais y répondre dans la mesure du possible avec un exemple pratique d’intégration de la plus grande partie de ces principes dans un nouveau quartier : Biotope City Wienerberg, Vienne, achevé depuis le début 2021. Nous avons donc déjà deux ans et demi d’expérience derrière nous.Quelques données sur le quartier:

Quelques données sur le quartier:

Le quartier est situé sur le terrain des anciens hangars de CocaCola. Le terrain a une superficie de 5,4 hectares et était presque 100% imperméable. 

Le nouveau Quartier est construit avec près d’un millier de logements, ainsi que des locaux commerciaux, un hôtel, des commerces de proximité et des restaurants. 

Trois des grands bâtiments ont 12 étages, ce qui correspond à la limite des immeubles. Les autres sont plus bas, en transition avec les constructions adjacentes. Les 2/3 des logements sont des logements sociaux, 1/3 des logements en accession

Il n’y a pas de voitures, 990 places de parking se trouvent sous les hauts bâtiments. Le terrain est ‘care free’. Il n’est désormais plus imperméable qu’à 40%. 

Bien qu’il soit proche du centre-ville, il a le privilège d’être bordé d’un côté par le parc Benesch et de l’autre par un lotissement de constructions basses en transition avec la forêt viennoise – je vais explicer tout à l’heure pourquoi il est important pour moi de le souligner.

Le processus de planification avait eu deux particularités:

La première: C’était une Simulation micro-climatique des effets du direction du vent et de la végétalisation sur le climat, et aussi on a calculé les coûts de la verdure choisi sur les coûts 

  • d’investissement
  • d’entretien

Résultats: ~ 2 degrés moins chaud , PET jusqu’à 20 dégrée moins. Les coûts d’investissement n’étaient pas plus haut que normalLes coûts d’entretien 2€ plus/m2/ans. Cela fait € 160 par ans pour un appartement de 80m2.

La deuxième particularité était un bonne chance: – après le plan était terminé et accepté par tous les investisseurs, les architectes et la ville, on a reçu le financement d’une équipe scientifique interdisciplinaire d’experts, qui a accompagné tout le processus de réalisation en détail.

Promenons-nous maintenant dans le quartier. Nota bene: Bien qu’il s’agisse d’un quartier densément construit l’espace extérieur laisse aussi beaucoup d’espace aux prairies avec des plantes à petites fleurs, bonnes pour les insectes.

Photos © Helga Fassbinder

La végétalisation des façades était un élément important du concept. Cela contribue efficacement à réduire les températures estivales, surtout la nuit, et est également bon en hiver contre le refroidissement dû aux vents le long des façades, car il agit comme un frein au vent. Cependant, à Vienne, il existe des règles strictes de protection contre les incendies pour les façades végétalisées. C’est pourquoi nous devions prendre des mesures contre les incendies après deux étages. Entre-temps, les règles de protection contre les incendies ont été modifiées, c’est-à-dire qu’elles sont moins strictes. Le projet BC Wienerberg et nos négociations avec la ville ont conduit à des essais d’incendie qui ont apporté ces améliorations.

Vous pouvez voir que les façades et les balcons aussi sont bien végétalisés grâce à des balconnières. La société de construction de logements à laquelle appartient cet immeuble a investi les faibles coûts supplémentaires pour un arrosage automatique. Elle a également fait pré-planter la moitié des balconnières avec des plantes qui respectent les insectes. Les habitants ont pu planter eux-mêmes l’autre moitié. Le résultat est très convaincant.

Photos © Helga Fassbinder

Les arbres sont essentiels. Nous avons planté 289 différentes variétés de grands arbres pouvant atteindre 30 m de haut, ce qui représente une forêt de près de 2 hectares. Parmi eux, des arbres fruitiers qui ont déjà porté des fruits la première année après leur plantation.

© Helga Fassbinder

Apropos cohabitation: Partager l’espace entre les insectes en animaux avec prairie et des hommes, des enfants en jeunes et recréantes avec le gazon – c’est réussi!

Il y a quelques semaines, j’ai fait une brève évaluation des expériences faites dans le quartier et j’ai interviewé le directeur de l’entreprise qui entretient l’ensemble de l’espace extérieur. Il m’a dit : “Les habitants sont attentifs, on ne jette presque pas de déchets – mais il y a des gens, des familles qui viennent ici, qui n’habitent pas ici, mais qui passent leur temps libre avec leurs enfants ici. Et ils ne font pas attention, ils ne jettent pas leurs gobelets en carton dans les poubelles. Je dois les faire ramasser”.

Cela m’a fait plaisir de l’entendre ! Ces personnes passent leur temps libre dans ce quartier à forte densité et non dans le parc Benesch qui se trouve à côté.

Biotope City – le concept, ça marche!

© Helga Fassbinder

La jardinage urbaine, ‘Urban gardening’ – ça marche aussi très bien, organisé par les résidents ils-même. Il y a une liste d’attente, nous n’avons pas prévu assez.

Photos © Heinz Wind

Passons maintenant aux toits verts. Ici aussi, beaucoup d’attention est accordée à la plantation de ptites fleurs qui offrent de la nourriture aux insectes tout en dégageant un caractère récréatif.Le débat sur les économies d’énergie fossile a conduit à un engouement pour le photovoltaïque en Autriche et en Allemagne. Cela s’est transformé en une menace pour les toitures végétalisées. Les constructions que nous avons choisies pour ces toits montrent que cela se combine bien. Efficace pour l’énergie et les plantes en même temps, qui sont protégées d’un soleil trop fort. À suivre

Photos © Helga Fassbinder, Barbara Wirsteiner

Encore une fois quelques points essentiels:

– retenir complètement l’eau de pluie

– choix de plantes adaptés aux insectes

– arrosage automatique des bacs à fleurs du balcon

– Integration d’habitats pour les oiseaux et les chauves-souris dans la construction des bâtiments

– et surtout tout le quartier sans voitures

Nous avons réalisé une brochure pour les nouveaux résidents, qui leur explique le concept Biotope City et leur donne des conseils sur la plantation des bacs de balcon, le choix des plantes et l’entretien de la verdure.           

Pour les spécialistes, l’équipe scientifique a réalisé un guide de construction (80 p.) de tels quartiers. Malheureusement, seulement en allemand. Mais on a aussi une version plus courte, le titre est “Hidden Treasures” – tous les deux sur le site de BIOTOPE CITY JOURNAL à télécharger.

À propos de la cohabitation:

Il faut bien comprendre que cette stratégie met en présence deux mondes totalement opposés : un monde inorganique, qui est ou doit être fixe et immuable : Dès qu’un bâtiment achevé, il ne s’agissait plus que de l’entretenir en termes d’usure. Et un monde organique, qui vit et se transforme constamment. Cela exige une autre façon de penser la construction et une autre façon de penser l’entretien. Le monde inorganique construit doit être accompagné en permanence, en même temps que le monde organique.

Photo © Helga Fassbinder

Les stratégies mentionnées peuvent bien entendu être appliquées de la même manière à la ville existante.

Végétaliser les espaces publiques, aussi les plus petits. Cet exemple: vous connaissez probablement le Pavillon d’Arsenal à Paris. L’espace devant était un très petit terrain de sable. C’est maintenant un très petit parc! Très aimé chez les habitants.

Photos © Helga Fassbinder

Donnons nous de nouvelles règles pour les citoyens:

  • l’approbation du jardin en façade
  • l’animation / aide / subside  
  • la végétalisation des façades

Memento aussi dans les villes existants : 

  • tout faire pour les insectes
  • tout faire pour la végétalisation
  • l’interdiction de imperméabilisation des jardins
  • ‘approbation / encouragement des jardin au pied d’arbre
  • tolérer les mauvaises herbs, ou mieux: les herbs sauvages où possible

Photos G Helga Fassbinder

Voici, les beaux conséquences de le permettre aux citoyens – quelques exemples de “permettre des activités autonomes des citoyens”…et de “permettre les  ‘mauvaises herbes'”

Acceptons la nouvelle beauté urbaine de ‘chaos’ de la nature… 

Memento ! Aussi dans les villes existants : tout faire pour les insectes, tout faire pour la végétalisation utile pour eux. La cohabitation avec les oiseaux: Les oiseaux sont très inventif, ils trouve des nids presque partout. C’est aussi la demande de permettre des activités autonomes de nos colocataires ailes.

Autres espèces ont besoin de creux, c’est plus difficile à trouver. La construction des nids est aussi une belle activité pour les jeunes – elle contribue à l’apprentissage de la vie sociale.

Vraiment, j’ai fait la preuve que nos villes existantes sont déjà depuis longtemps des biotopes, si elles sont conçues et construites de manière raisonnable: Devant mes fenêtres dans le centre d’Amsterdam j’ai vu déjà 32 espèces differentes d’oiseaux – j’ai les souligné.

Un matin, j’y ouvre ma porte d’entrée – vous voyez ici qui se tenait devant moi. Un gentil passant a pris la photo:

Mon Résumé:

Les éléments constitutifs du nouveau sont présents, de nouvelles techniques sont développées, mais les procédures habituelles et les solutions officielles, surtout les réglementations fonctionnent souvent différemment – je dirais: encore différemment ! Changeons-les!